L'année 2011 en questions
En 2011, plusieurs chantiers sont arrivés
à leur terme. Certains se sont poursuivis.
D’autres ont été ouverts. Chaque conseiller
revient sur les temps forts et les décisions phares
de cette année dans les domaines
dont il a la responsabilité.
Nicolas About
Le 12 décembre 2011, le Conseil a accueilli
la signature de la charte relative à la qualité du
sous-titrage. Que prévoit-elle ? Quels sont les
prochains chantiers en matière d’accessibilité ?
Cette charte est le résultat d’un travail de
longue haleine, réalisé en concertation avec les
associations, les laboratoires de sous-titrage
et les éditeurs. Elle intervient après deux
années qui ont vu la réalisation des engagements
pris dans le cadre de la loi du 11 février
2005. Ainsi, toutes les chaînes dont l’audience est supérieure à 2,5 % ont respecté leurs objectifs
de sous-titrage. Pour les autres, le Conseil
a prévu des modalités leur permettant d’atteindre
progressivement leurs objectifs.
J’ajoute que le Conseil a tenu, lui aussi, à se
montrer exemplaire. Ainsi, les programmes courts, diffusés aux mois de novembre et de
décembre 2011 dans le cadre de la campagne
de protection de la jeunesse, ont été soustitrés.
De surcroît, les films réalisés à l’occasion
de la campagne pour l’élection présidentielle
seront sous-titrés et audiodécrits. La charte
prévoit des recommandations en matière
d’harmonisation des modalités d’affichage ou
de vérification de l’orthographe. Elle s’inscrit
dans une logique « qualitative ». Nous avons
constitué, avec les associations, un « comité de
suivi », chargé de veiller à son application.
L’autre chantier de l’accessibilité concerne
l’audiodescription. Il s’agit d’un procédé qui
nécessite du temps. Par ailleurs, l’on ne
dispose pas, en France, de récepteurs TNT
capables de vocaliser des informations. Le
Conseil a lancé une étude pour établir un
cahier des charges. Des prototypes, capables
de vocaliser les informations présentes à
l’écran sont déjà disponibles. Les constructeurs
cherchent des financements. Je suis
convaincu que ces récepteurs pourraient intéresser
un grand nombre de téléspectateurs.
D’après certains observateurs, l’année
2011 a été plutôt « décevante » en matière
de télévisions locales. Leur modèle économique
est-il condamné ?
Attention aux raccourcis ! Ce n’est pas parce
que certains projets n’ont pas vu le jour en 2011
qu’il faut en tirer des conclusions hâtives. Les
chaînes locales répondent à un vrai besoin de
proximité. Elles sont souvent des pépinières de
talents. Le Conseil mène, depuis trois ans, une
politique volontariste qui s’est traduite par la
création d’une trentaine de nouvelles chaînes
numériques locales. Par ailleurs, de plus en
plus de chaînes locales parviennent à l’équilibre.
Ceci ne nous empêche pas de réfléchir
aux moyens de renforcer leur modèle économique.
Le Conseil et la DGMIC ont ouvert une
consultation publique, le 14 janvier 2011, afin de
recueillir l’avis des professionnels. Les
échanges se sont poursuivis lors d’une table
ronde, organisée au Conseil le 1er juillet 2011.
Cette consultation a permis de formuler de
nombreuses propositions: sécurisation des
financements publics, regroupements à
l’échelle régionale, harmonisation des grilles
afin d’attirer les annonceurs nationaux, possibilité
de nouer des partenariats avec France 3,
amélioration de la mesure de l’audience. Je
souhaite qu’en 2012 nous puissions élaborer un
plan d’actions précis avec l’ensemble des
professionnels.
Rachid Arhab
Quel regard portez-vous sur la
qualité de l’information ?
Le Conseil est-il appelé à sanctionner
plus qu’avant en matière
de déontologie ?
La mission du Conseil ne consiste pas
à « sanctionner », mais à protéger la
qualité de l’information audiovisuelle,
gage de sa crédibilité. Je
note, à cet égard, que la hausse du
nombre de saisines ne s’est pas
traduite par une augmentation du
nombre de sanctions. Ainsi, sur
112 dossiers examinés en 2011, le
Conseil est intervenu à 52 reprises. Dans la
grande majorité des cas, il s’est contenté de
rappeler la réglementation en vigueur. Seules
deux procédures de sanction ont été engagées.
L’un des grands enjeux des années à
venir concerne, ce que j’appelle, la « traçabilité
de l’image », surtout lorsqu’elle provient
d’internet. Il s’agit d’images difficiles à identifier,
mais difficiles à laisser de côté. Elles sont
parfois les seules images disponibles dans
des zones de conflits. Le 5 juillet 2011, j’ai
réuni les responsables de l’information des
chaînes de télévision pour échanger à ce sujet.
Cette réunion a aussi été l’occasion d’aborder
la question du recours à des sociétés prestataires
pour la confection de reportages. Les
professionnels étaient heureux de comparer
leurs expériences. Je souhaite organiser,
régulièrement, des rencontres de ce type, avec
les rédactions. Nous partageons le même
objectif : que l’audiovisuel demeure une référence
en matière d’information.
Le dossier de la RNT a connu de
nouveaux rebondissements en 2011. Quels
enseignements en tirez-vous ? Quand la RNT
verra-t-elle le jour ?
Le Conseil demeure convaincu que la RNT est
la seule façon, pour les stations, de continuer à
se développer dans un environnement saturé
depuis le succès du Plan FM+. De surcroît, elle
offre de nouveaux services aux auditeurs
comme la possibilité d’interrompre et d’enregistrer
un programme. Les expérimentations
et démonstrations menées à Paris, Lyon,
Marseille, Nantes et Brest ont été poursuivies.
Elles sont riches d’enseignements. À la suite de
la publication du rapport Kessler, le 11 mai
2011, le Conseil a mis en place, le 13 octobre 2011, l’Observatoire de la radio numérique
terrestre, qui regroupe l’ensemble des professionnels.
Sa mission consiste à tirer les leçons
des expériences menées à l’étranger. Par
ailleurs, le Conseil a lancé, le 3 novembre 2011,
un appel à candidatures pour les distributeurs
de radio numérique en bande L, couvrant l’ensemble
du territoire métropolitain. Cet appel est
complémentaire de celui lancé en bande III, qui
constitue l’ossature de la numérisation de la
radio. Je souhaite que 2012 soit l’année de naissance
de la RNT, avec le lancement d’un nouvel
appel couvrant 20 zones supplémentaires, qui
porterait le taux de couverture à 50 % de la
population.
Vous avez effectué de nombreuses
missions de coopération en Afrique du Nord
au cours de l’année 2011. Dans quel cadre et
dans quel but ?
Le Conseil entretient des échanges réguliers
avec des régulateurs du monde entier, notamment
en Afrique francophone et au Maghreb.
Au lendemain des révolutions arabes, je me
suis rendu à plusieurs reprises en Tunisie pour
partager notre expérience en matière de régulation
audiovisuelle et de respect du pluralisme.
Il ne s’agit pas de plaquer un modèle
tout fait, venu d’ailleurs, sur une réalité locale
complexe, mais de proposer une coopération
technique afin de consolider la démocratie.
Emmanuel Gabla
Le 28 avril 2011,
le Conseil supérieur de
l’audiovisuel a organisé
un colloque sur les
« téléviseurs connectés ».
Pourquoi maintenant ?
Quelles en seront les
suites ?
Le Conseil a été la première
instance en Europe à se
saisir du sujet. Il s’agit
d’une évolution réelle mais
encore progressive. Nous
manquons de repères, de
statistiques et de « retours
d’expérience ». Nous avons
d’abord constaté qu’internet constituait, à l’heure actuelle, un
complément et non un concurrent de la télévision
et permettait d’améliorer l’exposition des
contenus. Nous avons néanmoins voulu, avec
l’ensemble des professionnels, en appréhender
les principaux enjeux en matière de
protection du jeune public, de lutte contre le
racisme et l’antisémitisme, de respect du
pluralisme, de pérennité du financement de la
création et de préservation de la compétitivité
des groupes audiovisuels. Après avoir abordé
les aspects théoriques, il me semble important
de privilégier, en 2012, une approche différente,
centrée sur les pratiques et nourrie de l’expérience.
Le Conseil entend ainsi poursuivre ses réflexions dans le cadre d’une instance
pérenne, regroupant tous les professionnels,
afin de proposer des solutions adaptées aux
nouveaux besoins. L’objectif n’est pas d’entraver
l’action de qui que ce soit, ni même
d’imposer un modèle ou d’attenter aux
libertés. Il s’agit, au contraire, de préserver la
liberté de chacun – de l’éditeur, du créateur, de
l’auteur, du producteur et du téléspectateur –
pour parvenir à une régulation concertée,
apaisée et acceptée.
Pourquoi le Conseil a-t-il adopté une
seconde délibération sur les jeux en ligne
en 2011 ? Prévoit-elle de nouvelles dispositions
?
La loi du 12 mai 2010 a organisé l’ouverture à
la concurrence de certains secteurs de jeux
d’argent en ligne. L’article 7 de la loi a autorisé,
sous certaines conditions, les communications
commerciales sur les jeux en ligne. Le Conseil
a ainsi adopté, le 18 mai 2010, une première
délibération précisant les conditions de diffusion
des communications commerciales pour
une durée d’un an. L’objectif était de s’assurer
de l’efficacité de ces règles, notamment en
matière de protection des mineurs et de
prévention de l’addiction, et d’y apporter
d’éventuelles modifications. La délibération du
27 avril 2011, dont la durée d’application
s’étend jusqu’au 30 juin 2012, reprend, en
grande partie, le contenu de la précédente.
Elle demande, néanmoins aux professionnels d’adopter une charte d’engagements destinée
à prévenir la dénaturation du contenu des
émissions sportives. Un premier projet a été
transmis au Conseil au mois d’octobre 2011,
suivi d’un second, au mois de décembre. Par ailleurs, conformément à l’article 8 de la loi du
12 mai 2010, le Conseil a transmis au
Parlement, le 14 novembre 2011, un rapport
d’évaluation des « conséquences de la publicité
en faveur des jeux d’argent et de hasard »,
dans lequel il formule des propositions
complémentaires. Il s’agit d’un chantier
nouveau où il convient de respecter l’équilibre
entre liberté et responsabilité.
Patrice Gélinet
Vous avez supervisé, en 2011, la réforme
des comités techniques radiophoniques. En
quoi consiste-t-elle ? Que change-t-elle au
niveau local ?
Les comités techniques radiophoniques (CTR),
qui sont les « antennes » du Conseil dans les
régions, ont été créés par l’article 29-3 de la loi
du 30 septembre 1986. Depuis, ils n’ont jamais
cessé d’étendre leur domaine d’intervention. La
loi du 9 juillet 2004 les a autorisés à participer à
l’instruction des candidatures des télévisions
locales ainsi qu’au contrôle de leurs obligations.
La loi du 5 mars 2009 leur a conféré un
réel pouvoir décisionnel en radio : les CTR sont
désormais compétents pour statuer sur les
demandes de reconduction d’autorisation, sur
les demandes de modification non substantielle
des conventions, ainsi que pour délivrer des
autorisations temporaires. Dans une première
délibération adoptée le 10 novembre 2009, le
Conseil avait fixé les conditions d’application de
l’article 77 de la loi du 5 mars 2009. Ainsi, à
compter du 1er janvier 2010, les nouvelles
compétences des comités ont concerné les
radios locales dites de catégorie « A ». À la suite
d’un bilan effectué en décembre 2010, il est
apparu que 97 % des décisions prises par les
comités sont devenues exécutoires. Fort de ce
succès, le Conseil a décidé, le 12 juillet 2011, d’étendre les compétences de ceux-ci, désormais
dénommés comités territoriaux de l’audiovisuel
(CTA), aux radios locales dites de
catégorie « B » lorsqu’elles sont du ressort d’un
seul CTA, soit 150 radios supplémentaires.
Aujourd’hui, le Conseil intervient uniquement en
cas de litige. Cela présente l’avantage de réduire
les délais de procédure et de rapprocher le
niveau de décision des spécificités locales.
En 2011, s’est achevé le Plan « FM+».
Quel bilan en tirez-vous ? Quelles sont
les prochaines étapes pour la radio ?
Le Plan « FM+ » a été lancé, en 2004, pour optimiser
le spectre et dégager de nouvelles
fréquences. Il a conduit au lancement de quinze
appels généraux. Les deux derniers, qui concernaient
les régions Alsace, Lorraine et Rhône-
Alpes, ont porté sur 930 fréquences. Au total, le
Plan « FM+ » aura permis de dégager près de
1 300 fréquences supplémentaires, soit un gain
de 22,3 %, qu’il convient de comparer avec l’objectif
initial de 10 %. Le Conseil a veillé à ce que
ces gains de fréquences profitent à toutes les
catégories de radios. Nous sommes désormais
au pied du mur ! Sans la RNT, le paysage radiophonique
français risque d’être « gelé » pendant
au moins une génération. La radio ne peut pas
demeurer un îlot isolé dans un océan numérique !
Vous présidez également la mission
« langue française ».
Il s’agit d’une responsabilité méconnue du
Conseil. La loi du 30 septembre 1986 est pourtant
claire : le Conseil doit veiller « à la défense et
l’illustration de la langue française dans l’audiovisuel
». J’ai été très fier de succéder à Sylvie
Genevoix à la présidence de cette mission. Dès
ma prise de fonction, j’ai procédé à l’audition d’un
grand nombre de spécialistes. Nous réfléchissons
à un certain nombre d’initiatives pour
l’année 2012, comme par exemple la création
d’un prix.
Christine Kelly
Comment le Conseil a-t-il
préparé la période électorale
à venir ? Quelles garanties
offre-t-il aux partis politiques et
aux futurs candidats à l’élection
présidentielle ?
Nous avons suivi une démarche
inédite dans l’histoire du Conseil ! Au
printemps 2011, j’ai reçu, personnellement,
tous les partis politiques pour
leur exposer le cadre juridique et pour
répondre à leurs questions. Nous
avons organisé une deuxième série
de rencontres en fin d’année. Le
30 novembre 2011, le Conseil a
adopté une délibération pour fixer les
règles en matière de temps de parole
dans la perspective de l’élection
présidentielle. Ces règles imposent le respect
d’un principe d’équité des temps de parole des
candidats, qu’ils soient déclarés ou présumés,
puis d’un principe d’égalité à partir de la publication,
par le Conseil constitutionnel, de la liste
officielle des candidats. La délibération a fixé le
début de la période électorale au 1er janvier
2012, comme cela avait été le cas lors de toutes
les élections présidentielles, sauf en 2007 où
notre recommandation avait commencé en
décembre 2006. Nous avons tenu compte, sur
ce point, des remarques formulées par les
chaînes et par les stations. Enfin, nous n’avons
pas hésité à mettre en demeure cinq éditeurs,
le 19 octobre 2011, après avoir constaté de
graves déséquilibres en matière de temps de
parole.
En 2011, le Conseil a apporté une réponse
concrète à un phénomène ancien, qui faisait
l’objet de plaintes récurrentes de la part des
téléspectateurs : l’intensité sonore des publicités.
Pouvez-vous nous en dire plus ?
L’intervention du Conseil était d’autant plus
urgente que le déploiement de la TNT a
constitué un terreau favorable au développement
de la technique dite de « compression
dynamique », qui vise à relever l’amplitude de
chaque fréquence afin de tendre vers le niveau
maximal autorisé. Le nombre de plaintes
adressées aux chaînes a ainsi considérablement
augmenté : 123 en 2009, 134 en 2010, soit
trois plaintes par semaine ! Le 19 juillet 2011,
j’ai présenté une délibération qui fixe des
modalités et un calendrier précis permettant
d’améliorer rapidement – soit dès le début de
l’année 2012 – le confort d’écoute. La France
est le premier pays au monde à harmoniser
l’intensité sonore, non seulement entre les
programmes mais également entre les
chaînes. Nous devons poursuivre nos efforts.
Je transmettrai, au début de l’année 2012, un
rapport au Parlement proposant des modifications
législatives, pour aller plus loin et pour
mobiliser les distributeurs ADSL, câble et
satellite.
Le 11 mai 2011, le Conseil a remis le
2e rapport d’évaluation de la charte
destinée à promouvoir une alimentation et
une activité physique favorables à la santé.
Quels progrès ont été constatés ?
Les chiffres sont éloquents ! Le volume total
annuel de programmes faisant référence à une
bonne hygiène de vie ou mentionnant l’adresse du site www.mangerbouger.fr a
augmenté de 78 % entre 2009 et 2010. De
surcroît, les investissements publicitaires de
l’INPES sont passés de 2 millions d’euros à
3,6 millions au cours de la même période,
grâce notamment à un abattement de 60%
prévu par la charte. Par ailleurs, la France est
le seul pays au monde où l’on ne représente
pas des scènes de consommation devant un
écran. J’ajoute que les chaînes « jeunesse »
ont consenti d’importants efforts.
Françoise Laborde
Le 25 janvier 2011,
le Conseil supérieur
de l’audiovisuel a créé
une com mission de
réflexion sur l’avenir des
programmes. Comment
s’est organisé son travail,
avec quels résultats ?
La commission a organisé
vingt-quatre auditions sur
le thème de la téléréalité,
qui est à l’origine de nombreuses
polémiques et qui
recouvre des situations très
différentes. Il est très vite
apparu, au cours des
discussions, que celle-ci
pouvait s’envisager de deux
façons. La première consiste
à l’assimiler aux émissions dites « d’enfermement
». La seconde concerne toutes les émissions
dans lesquelles des personnes sont
placées dans des situations artificielles afin
d’observer leur comportement. Loin d’être
moribonde, la téléréalité est appelée à évoluer,
ne serait-ce que pour tenir compte de
nouvelles exigences d’ordre éthique ou réglementaire.
Le Conseil est souvent intervenu
pour les faire respecter. Les producteurs et les
éditeurs ont mis en place des outils « d’autorégulation
». L’on sent une réelle prise de
conscience chez les professionnels. C’est pourquoi
la commission a formulé des recommandations
complémentaires destinées à renforcer
la protection des candidats et du jeune public :
l’organisation d’un suivi psychologique avant,
pendant et après le tournage ; l’interdiction de
toute situation dégradante ; l’incitation à afficher
en permanence le pictogramme « Interdit
aux moins de 10 ans » lorsqu’il est justifié.
L’idée n’est pas de brider la créativité, ni de
porter atteinte à la liberté éditoriale, mais de
veiller à la qualité des programmes.
Le 7 novembre 2011, vous avez présenté
la nouvelle campagne de signalétique
« jeunesse ». Quel bilan tirez-vous de
l’action du Conseil en ce domaine ?
La signalétique est un « outil », destiné à
transmettre une information. Grâce aux campagnes de sensibilisation, elle est
aujourd’hui connue, acceptée, voire plébiscitée
par les familles. Je citerai un seul
chiffre : la totalité des 100 programmes
préférés des 4-10 ans en 2009 était « tous
publics ». En 2011, nous avons produit deux
nouveaux spots adaptés aux nouveaux
enjeux, c'est-à-dire : la multiplication du
nombre d’écrans et la solitude des enfants
face aux images. Nous continuons à intervenir
en cas de manquements. Le Conseil a
adressé 3 mises en demeure et 33 courriers
de rappel au règlement en 2011. Nous réfléchissons
enfin à de nouvelles thématiques
pour l’année prochaine, telles que la représentation
des filles à la télévision, la protection
des mineurs contre certaines images
diffusées sur internet ou encore la permanence
du pictogramme « Interdit aux moins
de 10 ans » pendant toute la durée du
programme.
De nouvelles chaînes ont été conventionnées
par le Conseil sur les réseaux non
hertziens en 2011. Quelles sont-elles ?
À côté des chaînes de la TNT, le Conseil
conventionne, régulièrement, de nouveaux
services sur les autres réseaux. Seize
nouvelles conventions ont ainsi été conclues,
en 2011, dont une chaîne d’actualité sur le
cinéma, une chaîne consacrée aux terroirs
et à l’art de vivre et cinq services de téléachat.
Il s’agit d’offres payantes, très thématiques,
qui complètent l’offre disponible sur
la TNT.
Francine Mariani-Ducray
Vous avez piloté, en 2011, les négociations
entre les professionnels de la
filière musicale et les représentants des
radios au sujet de l’application des
quotas de chanson française. Qu’est-ce
qui a changé ?
À la suite d’une concertation menée par les
groupes de travail « Musique » et « Radio » du
Conseil, les organisations professionnelles de
la filière musicale et des radios ont trouvé un
accord sur des propositions destinées à
promouvoir les artistes d’expression française,
rappelant le rôle prescripteur de la
radio, y compris à l’ère de l’internet, en faveur
des formations musicales actuelles. Ces
mesures, pragmatiques, consacrent de
réelles avancées, qu’il s’agisse de la modification
des heures d’écoute dites « significatives
» durant le week-end, de la durée
minimale de diffusion d’un titre ou de l’extension
de la période durant laquelle une oeuvre
est qualifiée de « nouvelle production ».
L’intégrité des oeuvres diffusées en sera d’autant
mieux respectée. Les mesures adoptées
trouvent, pour l’essentiel, leur traduction juridique
dans des avenants aux conventions des
radios. Deux améliorations de l’information
commune disponible ont également été décidées : d’une part, l’Observatoire de
la musique, qui a apporté son concours à cette
concertation, inclut désormais dans son panel
un plus grand nombre de stations ; d’autre
part, les producteurs, par l’intermédiaire de
leurs deux sociétés de perception et de répartition
de droits, ont pris l’engagement de
communiquer à l’Observatoire de la musique
des données chiffrées relatives à la production
francophone annuelle de nouveautés, par
genre musical. Cet accord ne se réduit pas à
un consensus sur des mesures techniques. Il
encourage les parties prenantes à poursuivre
le dialogue pour la meilleure exposition des
oeuvres d’expression française et de la production
européenne. Les échanges seront donc
poursuivis et j’aurai l’occasion d’effectuer un
bilan, au terme de l’année 2012, avec les
professionnels.
Quand serez-vous en mesure d’évaluer
l’efficacité des décrets « production » de 2010 ?
Les décrets n° 2010-416 du 27 avril 2010 et
n° 2010-747 du 2 juillet 2010 sont le résultat des
accords professionnels de 2008 et de 2009. Ils
ont ouvert la voie à une approche plus globale,
en donnant la possibilité aux groupes de mettre
en commun leurs obligations de production
audiovisuelle et cinématographique. Le
Parlement a exprimé sa volonté de disposer
d’une évaluation, à l’issue d’une première
année d’application. Le Conseil a donc mis en
place de nouveaux outils statistiques au cours
de l’année 2011. Je souhaite que nous puissions
effectuer un bilan avec les professionnels, avant
l’été 2012. Ces données seront riches d’enseignements,
notamment dans le cadre de la
réflexion, menée par le Conseil, sur les usages
de la télévision connectée.
Alain Méar
En 2011, s’est achevé
le processus de passage
au tout numérique.
Comment expliquez-vous
son succès ? Quelles
leçons en retirez-vous ?
Au-delà du défi technique,
le passage au tout numérique
a été un formidable
chantier humain. Tout au
long des cinq dernières
années, je n’ai été guidé
que par une seule boussole,
celle de l’équité :
équité entre les territoires,
équité entre les hommes. Je rappelle que
le Conseil a exigé et obtenu l’ajout d’un
correctif départemental – 91% de la population
couverte dans chaque département – en plus
de l’objectif national de 95 %, fixé par la loi.
C’est pourquoi, à l’issue de l’extinction de l’analogique, le taux de couverture s’est élevé
à 97,3 % de la population métropolitaine.
J’ajoute que, conformément au rapport que
j’ai remis au Gouvernement le 3 juillet 2008,
le passage au tout numérique s’est traduit
pour nos compatriotes ultramarins par une
offre télévisuelle élargie et gratuite, grâce à
la numérisation des fréquences de Tempo et
la constitution d’un multiplex pionnier, ROM1,
doté de la norme de compression la plus
moderne : le MPEG 4. De surcroît, le
processus a suivi le même calendrier que
celui de la métropole. L’enjeu consiste,
désormais, à résorber les difficultés de
réception constatées dans certaines zones
« sensibles ». Le Conseil, en lien étroit avec
l’ANFR, a mis en place un groupe de suivi,
chargé d’apporter des réponses zone par
zone. L’une des conséquences du succès du
PATN est le lancement, le 18 octobre 2011,
d’un appel à candidatures portant sur six
fréquences. Avant la fin de l’année 2014, les
téléspectateurs bénéficieront ainsi d’une
offre encore élargie et accessible à tous en
raison d’une couverture homogène de toutes
les chaînes. C’est une rupture bénéfique par
rapport à la diffusion analogique.
Le Conseil s’est saisi du thème de la
diversité depuis trois ans. Comment cela
se traduit-il à l’écran ?
Nous sommes partis d’un principe simple :
une télévision dans laquelle l’on ne se reconnaît
pas est une télévision que l’on ne regarde
pas ! Les chiffres du baromètre de la diversité
de 2011 témoignent d’une évolution
contrastée. Si l’on note une amélioration de
la représentation de la diversité des origines
(qui passe de 12 % à 15 %), des efforts restent
à accomplir en faveur de la parité hommes–
femmes, des catégories socioprofessionnelles
modestes et du handicap. Néanmoins,
en 2011, le CSA a pu noter une réelle prise de
conscience. Les chaînes ont pris des engagements
précis tels que l’attribution systématique
de rôles à des comédiens issus de
la diversité, la diffusion de séries mettant en
scène le handicap de façon intelligente et
décalée, ou encore une meilleure représentation
des femmes au sein des chroniqueurs.
Pour accompagner ces efforts, nous avons
proposé, Rachid Arhab et moi-même, de
reconduire le baromètre de la diversité pour
trois années supplémentaires. Je me réjouis
de voir que l’action du Conseil commence à
faire tâche d’huile en dehors de nos frontières.
En effet, le 19 septembre 2011, les
26 institutions membres du réseau francophone
des régulateurs des médias (REFRAM)
ont adopté une déclaration sur l’égalité
hommes-femmes dans les médias audiovisuels.
|