Forum européen du cinéma et de la télévision à Dublin : l"Europe a des cartes à jouer

« Production audiovisuelle et cinématographique : l' Europe se bat ». Tel était le thème offensif du treizième Forum européen du cinéma et de la télévision, qui s'est tenu du 8 au 10 novembre à Dublin. Trois cents professionnels des médias, dont Hélène Fatou, membre du CSA, ont été accueillis par la RTE, la télévision publique irlandaise. Parmi les sujets évoqués : les défis économiques et culturels liés à l'é volution de la production, les implications juridiques de celle-ci et l'apparition de nouveaux formats de programmes.

Le constat de départ était morose : les efforts de production sont insuffisants et la circulation des oeuvres se fait mal. Si la plupart des obstacles juridiques ont été levés, il reste à harmoniser les législations sur la question de la propriété intellectuelle, le droit des contrats et les transferts financiers. La diversité des langues et des cultures reste un obstacle majeur et l'arrivée de la télévision numérique, avec la multiplication des canaux qu'elle va entraîner, risque de favoriser un appel d'air pour les productions américaines. L'e xemple de la télé-réalité, l'un des rares genres de programme que tous les pays diffusent actuellement en l'adaptant, montre combien les nouvelles générations ont une culture de l'image. Face à ce succès, des films comme l'anglais Billy Elliot ou le français Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain - salué par le public des pays les plus divers et la critique new-yorkaise - manifeste que l'Europe conserve bien des atouts et qu'il convient de transformer en force ce qui peut apparaître comme faiblesse.

Il s'agit donc aujourd'hui d'encourager les initiatives régionales et nationales, en particulier dans les domaines de la fiction, de l'information et du spectacle où la créativité européenne est réelle. Il est nécessaire également d'encadrer les mouvements de concentration pour préserver la diversité et le rôle des producteurs indépendants, de trouver des solutions techniques au problème des langues et d'accentuer l'effort en faveur d'une meilleure circulation des oeuvres, par la reprise du plan Babel auquel s'était associé l'UER, et par l'encouragement à la formation à l'écriture de scénarios à travers toute l'Europe. « Quant au cinéma, a conclu André Lange, de l'O bservatoire européen de l'audiovisuel, souhaitons que Billy Elliot et Amélie Poulain se marient et aient beaucoup d'enfants, car l'Europe a besoin de ce genre de films ! »