Les médias en péril lors du passage du cyclone
L’ouragan Irma a été d’une rare violence et a détruit 95 % des bâtis de St Martin et une partie de ceux de St Barthélemy. Les équipements audiovisuels en sont sortis fortement endommagés.A St Barthélemy, tous les locaux et studios ont été complètement dévastés et ceux de St Martin ont été inondés.« Sur les deux îles, 100% des émetteurs, pylônes et antennes ont été détruits ou fortement endommagés par la force des vents. Cela a entraîné un arrêt complet de la communication d’informations pendant la nuit », nous explique Renaud Cases.Faute de pouvoir diffuser, les médias n’ont pas pu relayer d’informations durant les événements ; leur rôle social en a donc été mis à mal.La radio est le média privilégié par les populations pendant des alertes cycloniques en outre-mer. Tous les habitants possèdent une ou plusieurs radios à piles afin d’avoir accès aux informations primordiales d’urgence et de sécurité. « En cas de cyclone, la radio est le média qui fait foi », ajoute Boris Odry.Guadeloupe 1ère (radio du service public) a ainsi joué un rôle essentiel dans la couverture de cet événement, mais la distance (studios basés en Guadeloupe) a compliqué l’accès rapide aux informations. Les communications ont repris le vendredi, soit un jour et demi après le passage du cyclone et c’est à partir de ce moment-là qu’un premier bilan global de la catastrophe a pu être dressé.
Une reconstruction lente et complexe
A l’heure actuelle, un pylône sur les trois existants avant Irma a été remonté à St Barthélemy tandis que celui de St Martin n’est pas reconstruit. Des sites temporaires et alternatifs ont été mis en place permettant à la majorité des radios des deux îles (excepté une radio musicale à St Barthélemy) d’émettre à nouveau mais dans une qualité amoindrie.Les studios détruits à St Barthélémy ont été remontés grâce aux aides des collectivités locales tandis que ceux inondés de St Martin pâtissent encore des détériorations liées aux dépôts d’iode et d’embruns marins sur les équipements informatiques. Les radios ont dû investir afin de les renouveler au fur et à mesure.« Aucune radio n’a mis la clé sous la porte » ajoute Renaud Cases, « le but désormais est de sécuriser les diffusions et que certaines radios se dotent d’émetteurs portatifs pour diffuser près des locaux en cas d’évènement météorologique coupant la diffusion depuis l’émetteur habituel. »
Le CTA, un médiateur essentiel en cas de crise
Les collectivités locales, l’Agence Nationale des Fréquences et la préfecture commune aux deux territoires travaillent en étroite collaboration avec le CTA Antilles-Guyane pour la reconstruction des équipements audiovisuels.Le Comité territorial de l’audiovisuel (CTA) coordonne, conseille et agit en médiateur : « Notre rôle est de mutualiser les informations car on connaît très bien les opérateurs ainsi que les institutionnels » nous dit Boris Odry.Les procédures de sécurité en cas de cyclones donnent lieu à des alertes et la prise de mesures sur le terrain. Ainsi, quarante-huit heures avant le passage de l’ouragan, le secrétaire général et attaché technique du CTA s’était assuré de la manière dont se préparaient les différents opérateurs et leur a adressé des messages de soutien et d’information depuis la Martinique, où siège le CTA Antilles-Guyane.Quelques semaines après le cyclone, Boris Odry a effectué une visite sur place avec Renaud Cases et a rendu compte au CSA de l’étendue des dégâts et des problèmes engendrés pour des retours sur actions. Depuis, des rendez-vous fréquents avec les préfectures et l’ANFR sont organisés pour coordonner les différentes étapes de reconstructions et leurs évolutions.Les prochains mois seront consacrés à l’organisation de réunions préalables aux alertes cycloniques afin de mieux appréhender les questions de sécurité et de diffusion des informations.