Les événements marquants
de l'activité du CSA en 2002
Parmi les nombreux événements qui ont jalonné
l’année audiovisuelle 2002, plusieurs ont revêtu
une importance toute particulière dans l’activité
de régulation du Conseil.
Celui-ci a tout d’abord exercé, à l’occasion
des élections présidentielle puis législatives,
ainsi que du scrutin relatif à l’élection de
l’Assemblée territoriale de Wallis-et-Futuna, les missions
de contrôle du pluralisme politique sur les antennes et d’organisation
des campagnes officielles radiotélévisées que
lui confie la loi.
Par ailleurs, dans le cadre de la procédure d’appel
aux candidatures lancée le 24 juillet 2001, le Conseil a
poursuivi, tout au long de l’année, ses travaux concernant
le déploiement de la future télévision numérique
terrestre. Outre les études relatives à la planification
des fréquences et à différents aspects techniques
ou économiques de la TNT qu’il a continué de
mener, il a conduit, du 17 juin au 1er juillet, les auditions
publiques des candidats et a procédé à leur
sélection le 23 octobre.
La mise en place d’une nouvelle signalétique
jeunesse a également été, durant plusieurs
mois, au centre des préoccupations du Conseil et a abouti
à l’adoption, à l’automne, après
négociation avec les diffuseurs, de nouveaux pictogrammes
en noir et blanc et de nouveaux avertissements plus facilement compréhensibles
qui sont apparus sur les chaînes dès le 18 novembre.
Enfin, le rôle essentiel que lui a attribué
le législateur en matière de protection de l’enfance
et de l’adolescence a conduit le Conseil à adopter
une démarche volontariste en vue de restreindre aux seuls
adultes intéressés l’accès aux programmes
à caractère pornographique.
|
Les
élections
et le contrôle du pluralisme politique |
|
|
|
L’année 2002 a constitué
un rendez-vous électoral majeur avec les échéances
successives de l’élection présidentielle
et des élections législatives. En ces deux occasions,
comme pour l’élection de l’assemblée
territoriale de Wallis-et-Futuna organisée au mois
de mars, le CSA a exercé les missions qu’il tient
de la loi du 30 septembre 1986, qu’il s’agisse
du contrôle du respect du principe de pluralisme ou
de l’organisation des campagnes officielles radiotélévisées
sur les antennes du service public.
S’agissant de l’élection
du président de la République, le Conseil avait
adopté, dès le 23 octobre 2001, une recommandation
destinée à l’ensemble des services de
télévision et de radio et définissant
les conditions du respect du pluralisme pendant la campagne.
L’adoption de ce texte, plusieurs mois avant le scrutin,
et la présentation qui en a été faite
par le Conseil aux directeurs de l’information des chaînes
de télévision et des stations de radio visaient
à permettre à ceux-ci d’établir
leurs choix éditoriaux en toute connaissance de cause.
Portant tout à la fois sur la période de pré-campagne
et sur celle de la campagne officielle radiotélévisée,
en fixant des règles différentes pour chacune,
cette recommandation est entrée en vigueur le 1er
janvier 2002. A compter de cette date, et jusqu’au second
tour de scrutin, le Conseil a veillé, au jour le jour,
au respect par les opérateurs des principes posés
dans cette recommandation, en installant un véritable
observatoire des programmes.
Le dispositif ainsi mis en place a à
nouveau été utilisé pour le suivi et
l’organisation de la campagne des élections législatives
des 9 et 16 juin 2002 qui ont donné lieu à l’adoption,
le 3 avril 2002, d’une recommandation, également
adressée à l’ensemble des services de
télévision et de radio et dont la période
d’application a débuté le 7 mai 2002.
Enfin, les élections pour le renouvellement
de l’assemblée territoriale des îles Wallis-et-Futuna,
qui se sont tenues le 10 mars 2002 et ont été
précédées pour la première fois
d’une campagne officielle radiotélévisée,
ont vu leur déroulement s’inscrire dans le cadre
d’une recommandation adoptée le 5 février
2002. S’appliquant à RFO Wallis-et-Futuna, seul
diffuseur du territoire, elle est entrée en vigueur
le 25 février 2002 et le Conseil a dépêché
sur place un représentant pour veiller au respect de
cette recommandation.
Par ailleurs, comme à l’accoutumée,
le CSA a veillé tout au long de l’année
à l’équilibre général des
temps de parole des personnalités politiques dans le
cadre de son principe de référence en matière
de pluralisme pour ce qui concernait les périodes hors
élections ou, en période électorale,
l’actualité non liée au scrutin concerné.
|
|
|
La télévision numérique terrestre |
|
|
|
Le 23 octobre 2002, le Conseil
a procédé à la sélection, parmi
les 66 dossiers qu’il avait admis à concourir
dans le cadre de l’appel aux candidatures lancé
24 juillet 2001, de 23 chaînes pour la future télévision
numérique de terre (TNT). Au préalable, il avait
consacré près de sept mois à l’instruction
et à l’examen des dossiers de candidature et
organisé, du 17 juin au 1er juillet, des
auditions publiques de l’ensemble des candidats. Ces
auditions, retransmises en direct sur La Chaîne parlementaire,
ont permis à chaque candidat d’exposer son projet
en apportant au Conseil les précisions éventuelles
qu’il pouvait souhaiter. Parallèlement, le Conseil
a poursuivi, durant toute l’année 2002, ses travaux
sur de nombreuses autres questions relatives à la mise
en place de la TNT et notamment la planification des fréquences
hertziennes numériques et le réaménagement
des fréquences analogiques.
Les 23 services retenus se répartissent en 8 chaînes
gratuites et 15 chaînes payantes dont 2 services, Cuisine
TV et Comédie!, sur un canal partagé. Le Conseil
a également procédé, à titre indicatif,
à une répartition des services sur les 4 multiplex
dont ils bénéficieront. Enfin, le 12 novembre,
le Conseil a arrêté un projet d’affectation
des réseaux de fréquences à chacun des
6 multiplex planifiés pour la TNT.
La sélection a été opérée
en portant une attention particulière à l’équilibre
économique de la télévision gratuite
comme de la télévision payante. Pour la télévision
gratuite, le Conseil a mené plusieurs études
économiques qui indiquent qu’il existe de la
place pour plus de services qu’il n’y en a actuellement,
sous réserve de limiter le nombre des nouvelles chaînes
aux possibilités offertes par le marché de la
publicité. Dans ce contexte, le Conseil a porté
son choix sur 6 nouvelles chaînes gratuites en tenant
compte de leurs besoins en recettes publicitaires qui devraient
représenter environ 2 à 3 % des dépenses
publicitaires en télévision cinq ans après
le lancement de la TNT, et 10 à 12 % dix ans après
ce lancement. La télévision payante, de son
côté, est caractérisée par une
offre abondante en câble et satellite. Le Conseil a,
dès lors, préféré sélectionner
un bouquet comportant des chaînes phares de ces deux
supports qui, seules, semblent en mesure de s’imposer
sur le marché difficile de la télévision
hertzienne nationale.
Une grande importance a également été
accordée à la solidité des plans de financement
proposés par les candidats. En effet, l’arrivée
de nouveaux acteurs sur le marché de la télévision
hertzienne va accroître la compétition entre
les éditeurs de services présents sur ce support.
C’est la raison pour laquelle le Conseil a veillé
à ne sélectionner que des dossiers fournissant
des garanties de financement : identification du tour de table
; qualité des engagements des actionnaires, s’agissant
notamment des dotations en fonds propres.
Le Conseil s’est, de même, attaché aux
engagements relatifs à la création audiovisuelle
et cinématographique européenne et d’expression
originale française. Lorsque ces engagements sont supérieurs
au niveau des obligations figurant dans les textes réglementaires,
ils seront repris intégralement dans les conventions
conclues avec les éditeurs des services concernés.
Enfin, seuls ont été sélectionnés
des candidats qui s’engageaient à assurer progressivement
la couverture des zones desservies par les 110 sites d’émission
identifiés dans le cadre de la planification des fréquences
pour la TNT.
La négociation des conventions qui définiront
les obligations et les engagements incombant à chacun
des éditeurs des services de la TNT a été
engagée à la fin de l’année 2002.
Une fois ces conventions conclues, le Conseil délivrera
les autorisations d’usage de la ressource radioélectrique
en précisant les fréquences sur lesquelles s’exercera
le droit d’usage accordé à chaque service.
Le Conseil souhaite pouvoir accorder, en même temps,
les droits d’usage de la ressource radioélectrique
aux sociétés relevant du secteur public.
L’ensemble
des éditeurs présents sur un même multiplex
disposeront alors de deux mois pour proposer, conjointement,
un opérateur de multiplex qui devra être autorisé
par le CSA. Par la suite, le Conseil recueillera la déclaration
des distributeurs chargés de la commercialisation des
services payants. De même, il devra être destinataire
des accords conclus entre les éditeurs de services
payants visant à l’interopérabilité
de leurs systèmes.
En ce qui concerne les fréquences qui seront dévolues
à la diffusion de la TNT sur les 110 sites prévus
à terme, le Conseil avait rendu publique, le 24 juillet
2001, une première liste concernant 29 zones géographiques.
Le 3 avril 2002, il a publié une deuxième liste
de fréquences identifiées sur 30 nouveaux sites.
Puis, le 29 novembre, il a procédé à
une mise à jour de la liste des fréquences pour
ces 59 sites et publié un projet d’affectation
de ces fréquences aux réseaux. Les travaux de
planification pour les 51 derniers sites sont en cours. Lorsque
les 110 sites seront tous exploités, 80 à 85
% de la population française devraient pouvoir recevoir
les signaux de la télévision numérique
de terre.
|
|
|
La nouvelle signalétique
jeunesse |
|
|
|
L’objectif de la signalétique
jeunesse, qui est apparue sur les chaînes nationales
en clair dès 1996 à l’instigation du CSA,
n’est pas de supprimer du petit écran toute représentation
de violence ou d’érotisme mais de renforcer la
vigilance à la fois des diffuseurs, grâce à
la classification de chaque émission et au choix d’un
horaire de diffusion approprié qui tient compte de
la présence ou non d’enfants devant les téléviseurs,
et celle des parents, alertés par la présence
d’un pictogramme.
À la suite de deux enquêtes respectivement
réalisées en 2000 et 2001, notamment auprès
de parents, il est toutefois apparu que la compréhension
des différents symboles en couleur de la signalétique
et des avertissements qui les accompagnaient demeurait imparfaite
dans l’esprit de nombreux téléspectateurs.
Aussi le Conseil a-t-il décidé, en juin 2002,
de demander aux chaînes de les modifier pour les rendre
plus explicites.
A cet effet, il a souhaité que les parents puissent
recevoir des recommandations pratiques en termes de tranches
d’âge, à l’instar de ce qui existe
déjà pour les autres médias (films de
cinéma, jeux vidéo, livres pour enfants).
Le nouveau dispositif, entré en vigueur le 18 novembre
2002, a fait l’objet préalablement à son
adoption d’une large consultation publique et de longues
négociations avec les chaînes hertziennes, ainsi
que celles du câble et du satellite. Il fait appel à
des pictogrammes en noir et blanc assortis des mentions suivantes
:
– déconseillé aux moins de 10 ans (–
10)
– déconseillé aux moins de 12 ans (–
12) ou interdit en salles aux moins de 12 ans dans le cas
de films (– 12)
– déconseillé aux moins de 16 ans (–
16) ou interdit en salles aux moins de 16 ans dans le cas
de films (– 16)
– déconseillé aux moins de 18 ans (–
18) ou interdit en salles aux moins de 18 ans dans le cas
de films (– 18)
|
|
|
La limitation de l'accès
aux programmes pornographiques |
|
|
|
Dès janvier 2002, le
Conseil a réuni les câblo-opérateurs et
les responsables de bouquets satellite pour les inviter à
mettre en place un double cryptage spécifique nécessitant
une démarche volontaire de la part des adultes désireux
d’avoir accès aux programmes à caractère
pornographique relevant de la catégorie V de la signalétique.
Le Conseil était alors préoccupé par
la faisabilité d’un contrôle d’accès
plus strict pour la diffusion numérique et en particulier
pour la télévision numérique terrestre.
À l’occasion de ces premiers entretiens, il est
apparu que le double verrouillage serait difficile à
mettre en œuvre pour l’ensemble des foyers et notamment
ceux desservis en mode analogique qui constituent encore plus
de la moitié des abonnés à Canal+. En
outre, certains décodeurs déjà commercialisés
pour la diffusion numérique ne semblaient pas permettre
le double verrouillage.
C’est dans ce contexte qu’a été
lancé, fin février, un débat public qui
a rapidement pris une ampleur nationale, à l’occasion
de la remise à la ministre de la Famille d’une
première version du rapport du CIEM (Collectif interassociatif
enfance et médias) intitulé « L’environnement
médiatique des jeunes de 0 à 18 ans : que
transmettons-nous à nos enfants ? ».
Ce rapport, officiellement publié le 3 mai, appelait
notamment l’attention des pouvoirs publics sur les dégâts
causés sur les enfants et les adolescents par le visionnage
de programmes pornographiques.
Le CSA, qui avait eu par ailleurs confirmation, sur la base
de sondages de l’Institut Médiamétrie,
de l’audience de ces programmes par des mineurs, ne
pouvait rester insensible à un tel débat. Aussi,
afin d’éviter que la future télévision
numérique de terre puisse être l’occasion
de donner aux programmes pornographiques un essor supplémentaire,
le 2 juillet, le Conseil a demandé aux diffuseurs de
renoncer à leur programmation et au gouvernement de
retranscrire clairement dans la loi l’interdiction de
diffuser de la pornographie, telle qu’elle est mentionnée
dans l’article 22 de la directive Télévision
sans frontières. Seule la loi pouvait en effet
permettre de mettre fin à la possibilité donnée
aux chaînes (notamment aux chaînes cinéma)
dans leurs conventions de diffuser des programmes pornographiques
avant l’arrivée à terme de leur autorisation.
Interrogée par le CSA sur l’interprétation
qu’elle donnait à l’article 22 de la directive,
Mme Viviane Reding, membre de la Commission européenne,
a indiqué, le 15 octobre 2002, que la Commission estimait
que la France avait correctement transposé l’article
22 de la directive par l’article 15 de la loi de 1986,
sachant que les programmes pornographiques ne sont qu’un
exemple de ce que les États membres peuvent considérer
comme de nature à nuire gravement aux mineurs.
La plupart des candidats à la télévision
numérique terrestre se sont engagés à
renoncer à la diffusion de programmes pornographiques
si la règle était respectée par tous.
Canal+ a publiquement contesté cette demande, considérant
que cela porterait tort à ses abonnés et donc
indirectement à sa capacité de cofinancement
du cinéma français.
A la suite de nouvelles propositions finalement énoncées
par les opérateurs en vue d’un double cryptage
des signaux émis pour la diffusion des programmes de
catégorie V, le Conseil a confié au cabinet
de consultants Ornell, le 22 octobre, une expertise des systèmes
de verrouillage proposés. Poursuivant parallèlement
ses échanges avec les opérateurs, le Conseil
les a à nouveau reçus le 7 novembre. Retenir
l’option du double verrouillage impliquait en effet
que celui-ci soit le plus sûr possible et n’autorise
effectivement l’accès aux programmes de catégorie
V que pour les seuls adultes, au moyen d’un code spécifique,
différent du code initial de l’installation,
systématique à chaque nouveau programme et à
chaque changement de chaîne. Les nouvelles propositions
des opérateurs laissaient à penser que ces conditions
pouvaient être remplies. Pour la première fois,
Canal+ proposait un système adapté à
la diffusion en analogique et la mise en place d’un
abonnement sans accès aux programmes pornographiques.
Après la remise, le 14 novembre 2002, du rapport
de la commission présidée par Mme
Blandine Kriegel au ministre de la Culture et de la Communication,
celui-ci s’est prononcé, quelques jours plus
tard, en faveur du double cryptage des programmes pornographiques
plutôt que de leur interdiction. Pour sa part, le 11
décembre 2002, Mme Claire Brisset, défenseure
des enfants, a remis au Garde des sceaux un rapport intitulé
« Les enfants face aux images et aux messages violents
diffusés par les différents supports de communication »
qui préconisait notamment, à défaut de
l’interdiction de la diffusion des films X à
la télévision, la réalisation d’une
expertise indépendante sur le double cryptage.
Enfin, alors que début décembre l’Assemblée
nationale n’avait finalement pas adopté la proposition
de loi de M. Yves Bur subordonnant la diffusion de programmes
pornographiques à la mise en place d’un système
de déverrouillage volontaire, le Conseil a décidé,
le 19 décembre, que seuls les services de télévision
dont le système de double verrouillage répondrait
à un certain nombre de critères pourraient diffuser
des programmes à caractère pornographique. Ces
critères, qui figureront en annexe des conventions
des opérateurs offrant des programmes de catégorie
V, permettront de garantir leur adéquation à
l’objectif de protection du jeune public.
Dans le cadre de la mission d’expertise que lui avait
confiée le Conseil, le cabinet Ornell a remis un premier
rapport portant sur les systèmes de verrouillage dont
la mise en place avait été annoncée,
pour la mi-décembre, par les responsables des bouquets
satellitaires TPS, AB Sat et Canal satellite, ainsi que par
ceux de Canal+ pour la diffusion en modes numérique
et analogique. Ce rapport, qui a notamment fait apparaître
que le problème des décodeurs en vente libre
sans possibilité de double cryptage restait entier,
a fait l’objet de la part du Conseil d’une demande
d’informations complémentaires.
|
|
|