Les téléviseurs connectables, aujourd’hui présents une large majorité des foyers français, permettent une connexion directe à Internet (par wifi ou par un port Ethernet) ou indirecte via un boitier connecté (par exemple une console de jeu).
Ces téléviseurs prennent en charge des applications proposant notamment vidéos, jeux en ligne ou actualités.
Cette évolution des téléviseurs, ou des adaptateurs externes, facilite la création de passerelles entre le monde de l’audiovisuel traditionnel et les services multimédia en ligne.
Quelle incidence sur le secteur audiovisuel ?
Pour le secteur audiovisuel, l’apparition des téléviseurs connectés emporte deux effets principaux : l’interactivité et l’élargissement de l’offre de programmes.
- L’interactivité est susceptible de modifier en profondeur les habitudes des téléspectateurs : répondre en direct à un sondage, acheter un produit vu dans un programme, recommander un programme aux membres de son réseau social, accéder aux informations complémentaires à un programme deviennent des pratiques courantes;
- L’élargissement de l’offre de programmes (« l’hyperchoix ») est susceptible de modifier les équilibres entre consommation linéaire et à la demande des programmes, les durées de consommation des différents médias. Cet élargissement est synonyme d’une fragmentation de l’audience.
La télévision connectée soulève en outre plusieurs interrogations concernant le rôle des différents acteurs du secteur audiovisuel et des acteurs des services sur internet. La première est celle de la désintermédiation : quelle valeur ajoutée apportera un distributeur de services ou un éditeur de télévision si chaque chaîne ou chaque programme est accessible depuis internet ? Qui prescrit les programmes : moteurs de recherche, réseaux sociaux, guides de programmes ou bien la presse spécialisée ? Comment préserver le financement de la production audiovisuelle et cinématographique française et européenne ? La télévision connectée peut-elle favoriser l’émergence d’acteurs d’envergure internationale ?
Quelles conséquences sur le rôle et les missions du CSA ?
La généralisation des téléviseurs connectés soulève également des interrogations pour les pouvoirs publics – et pas seulement pour le CSA :
- Comment assurer une concurrence loyale entre services sur internet et services de télévision ou radio alors que les règles en matière de déontologie, protection du jeune public et du consommateur qui s’appliquent aux contenus diffèrent selon le média qui les porte ?
- Comment assurer une concurrence loyale entre service nationaux et services établis à l’étranger, notamment en matière fiscale ?
- Dans le cadre de services interactifs, comment protéger la vie privée du téléspectateur et le consommateur ?
Le 28 avril 2011, le CSA a organisé un colloque sur les téléviseurs connectés. La préoccupation commune à l’ensemble des intervenants est de conserver la qualité des programmes, de garantir le financement de la création nationale et européenne et de veiller à la protection des téléspectateurs. Pour atteindre ces objectifs, plusieurs pistes de réflexion ont émergé conduisant à s’interroger sur la nécessaire adaptation de la régulation. Le CSA entend poursuivre cette réflexion en concertation avec les acteurs.
Le 16 février 2012, le CSA a créé une commission de suivi des usages de la télévision connectée, présidée par Emmanuel Gabla, membre du CSA, afin d'émettre des recommandations et des propositions pour accompagner le développement de cette technologie. Des représentants des pouvoirs publics, des professionnels de l'audiovisuel et plusieurs personnalités qualifiées ont été invités à rejoindre cette commission.
Le 5 décembre 2012, cette commission a présenté les premiers résultats de ses travaux, en 14 propositions destinées à favoriser l'émergence d'un écosystème durable et équitable autour de la télévision connectée.